Cinquième étude intégrée d’impact régional d’ArcticNet
ArcticNet est heureux de diffuser son rapport sur l’Étude intégrée d’impact régional (IRIS) des changements climatiques et sociaux au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest, la dernière d’une série de cinq. Depuis plus de 20 ans, ArcticNet contribue à l’acquisition des connaissances et des compétences nécessaires à la documentation et à l’atténuation des changements que subit le Nord. Les rapports sur l’IRIS permettent d’éclairer la prise de décisions fondées sur des données probantes et de mettre en œuvre des stratégies d’adaptation efficaces et socialement acceptables. La réalisation de ces études a donné lieu à l’établissement de liens entre les habitants du Nord, les spécialistes inuits et autochtones, les gestionnaires provinciaux, territoriaux et fédéraux, ainsi que les chercheurs et chercheuses universitaires s’intéressant aux secteurs des sciences naturelles, des sciences sociales et des sciences de la santé dans l’Arctique.
Le présent rapport a été financé par ArcticNet, constitué initialement en 2003 à titre de réseau de centres d’excellence. Depuis 2024, ArcticNet est en partie financé par le Fonds stratégique des sciences – un programme visant à mobiliser l’expertise et les ressources d’organismes tiers indépendants œuvrant dans le secteur des sciences et de la recherche, afin d’atteindre l’excellence au chapitre des sciences, de la recherche dirigée par les Autochtones, des technologies et de l’innovation au Canada. De concert avec l’Inuit Tapiriit Kanatami et Savoir polaire Canada, ArcticNet a élaboré une nouvelle vision consistant à mobiliser l’ensemble des connaissances nationales et à en tirer parti afin de mieux comprendre les changements que subit l’Arctique et de s’y préparer. S’appuyant sur cette nouvelle vision, ArcticNet a entrepris de mettre au point un mécanisme qui succèdera à l’IRIS et permettra de poursuivre la diffusion des connaissances issues des projets de recherche qu’il finance afin d’appuyer l’élaboration de politiques, de programmes et de stratégies d’adaptation dans le Nord.
Au fil des ans, les projets de recherche réalisés par ArcticNet ont mené à la publication de cinq études intégrées d’impact régional, chacune portant sur l’une des cinq principales régions politiques, physiographiques et océanographiques de l’Arctique canadien, soit la région arctique de l’Ouest et du Centre du Canada (y compris la région désignée des Inuvialuit, le Versant nord du Yukon et l’île Herschel, ainsi que la région de Kitikmeot au Nunavut), la région de l’Est de l’Arctique (y compris les régions de Qikiqtaaluk et de Kivalliq au Nunavut), la région de la baie d’Hudson, la région subarctique de l’Est (y compris le Nunavik et le Nunatsiavut) [voir la figure à droite], ainsi que la région du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest. Chaque étude intégrée d’impact régional est structurée de manière à mettre en évidence les connaissances actuelles sur les conséquences des changements climatiques et sociaux, ainsi qu’à aider les responsables des politiques et autres décideurs à élaborer des stratégies permettant d’atténuer les conséquences de ces changements et de s’y adapter.
L’Étude intégrée d’impact régional des changements climatiques et sociaux au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest constitue une synthèse des principales connaissances (notamment sur l’environnement humain, physique et bâti) répondant aux besoins et intérêts régionaux (figure 1). Elle vise à faciliter l’accès aux connaissances et à fournir des renseignements pertinents, pratiques et compréhensibles, favorisant la prise de décisions éclairées à l’échelle régionale. Cette étude intégrée d’impact régional comporte deux éléments : un rapport sur l’état des connaissances et un article intitulé Synthèse et recommandations. Le rapport est divisé en sept chapitres, chacun portant sur un sujet : 1) les dépendances et la santé mentale; 2) la gestion du caribou et la sécurité alimentaire; 3) l’assainissement des mines; 4) l’état du pergélisol et la qualité de l’eau; 5) la modification du pergélisol et de l’hydrologie; 6) les géorisques liés au pergélisol qui menacent les routes du Yukon; 7) les effets des changements climatiques sur les risques hydrologiques. Dans la plupart de ces chapitres, les scientifiques et autres spécialistes établissent un lien entre les changements environnementaux et les priorités régionales. L’article intitulé Synthèse et recommandations présente les principaux constats de l’étude et les recommandations connexes. Cette partie de l’étude se veut un guide de référence destiné à aider les gestionnaires et les décideurs à élaborer des plans d’adaptation, des stratégies, des politiques et des programmes visant à assurer la durabilité, la sécurité et la santé des collectivités.
Synthèse
- L’interdiction de la chasse au caribou dans la région des Tlichos a nui au partage des connaissances et des langues traditionnelles, a donné lieu à une insécurité alimentaire et a forcé les Tlichos à se rallier à une compréhension occidentale du caribou qui venait contredire leur conception de la réciprocité et du respect mutuel.
- Les traumatismes laissés par le colonialisme ont entraîné des dépendances et une détérioration de la santé mentale chez de nombreux habitants des Territoires du Nord-Ouest. Toutefois, des initiatives réfléchies, ancrées dans les pratiques traditionnelles autochtones, abordent ces enjeux dans l’espoir d’un meilleur avenir.
- Les travaux de remise en état et d’assainissement des mines, notamment en régions nordiques, doivent reposer sur des recherches favorisant une participation importante des collectivités des Premières Nations afin d’assurer la durabilité de l’exploitation minière au Yukon.
- La fonte du pergélisol dans les régions de la Taïga des Plaines et de la Taïga du Bouclier a des répercussions négatives sur la couverture terrestre, l’hydrologie et la qualité de l’eau.
- Il est indispensable de mener des études sur l’état de la surface du sol et les conditions environnementales pour mieux comprendre les risques qui y sont associés et ainsi réduire l’impact des géorisques liés au pergélisol qui menacent les infrastructures et les populations.
- Les phénomènes hydrologiques inhabituels qui surviennent au Yukon peuvent permettre de mieux comprendre les effets – en grande partie méconnus – des changements climatiques sur la qualité de l’eau dans les bassins hydrographiques du territoire.
Pour lire le rapport complet et les recommandations proposées, cliquez ici (disponible en anglais seulement).
Biographie des membres de l’équipe de rédaction
Martin Tremblay, rédacteur en chef
Martin Tremblay est gestionnaire de réseau à ArcticNet. Il est titulaire d’un doctorat en géographie physique de l’Université Laval où il a mené des études sur l’épinette noire, considérée comme un indicateur des changements climatiques dans la région de la baie James. Il a amorcé sa carrière à l’Administration régionale Kativik, y travaillant pendant quatre ans. Il a réalisé des projets portant sur les changements climatiques, s’intéressant notamment à l’accès au territoire et aux ressources au Nunavik. Martin a également été secrétaire exécutif de la Commission de la qualité de l’environnement Kativik et coordonnateur de la réhabilitation des sites miniers abandonnés. Il a ensuite travaillé pendant plus de 14 ans au gouvernement fédéral en collaboration avec plusieurs organisations autochtones axées sur le Nord, l’environnement, les changements climatiques et la science. Il a participé notamment à l’évaluation environnementale stratégique de la mer de Beaufort, à des projets de création d’aires marines de conservation dans l’Arctique et à divers projets liés aux changements climatiques. Martin est rédacteur en chef du rapport sur l’Étude intégrée d’impact régional des changements climatiques et sociaux au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest (IRIS 5), réalisée par ArcticNet.
Kimberly Fairman, rédactrice
Chercheuse inuite vivant et travaillant au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest, Kimberly Fairman crée un espace propice à la promotion des formes de savoir et façons de faire particulières des Autochtones et des Inuits en recherche et dans le milieu universitaire. Ses travaux portent sur les pratiques de mobilisation des collectivités, les méthodes de recherche inuites et autochtones, la sécurité alimentaire et les changements climatiques. Ses contributions actuelles ont été récompensées par des programmes nationaux de subventions par voie de concours, dont ceux des trois Conseils du gouvernement du Canada. Kimberly a été cochercheuse chargée de diriger le volet consacré à la mobilisation des Autochtones d’une subvention du Réseau de soins de première ligne axée sur les patients. Elle a aussi réalisé un projet pour lequel elle a reçu une subvention de mobilisation des Instituts de recherche en santé du Canada dans le cadre de l’Initiative sur la sécurité alimentaire et les changements climatiques dans le Nord canadien. À titre de directrice générale de l’Institut de recherche en santé circumpolaire, elle a collaboré avec des chercheurs, des détenteurs du savoir autochtone, des cliniciens et des décideurs politiques dans le cadre de recherches sur les systèmes de santé qui ont une incidence sur l’expérience des patients dans le Nord, y jouant un rôle important par l’établissement de partenariats en recherche, la mobilisation des collectivités et le renforcement des capacités des collectivités nordiques au chapitre de la recherche en matière de politiques. Agente de formation au Collège de l’Arctique du Nunavut à titre contractuel, elle a aussi été présidente du conseil d’administration de la Société canadienne pour la santé circumpolaire.
Pertice Moffitt, rédactrice
Pertice Moffitt est associée de recherche à l’Institut de recherche Aurora du Collège Aurora, et possède plus de 38 années d’expérience en sciences de la santé et en sciences sociales dans les Territoires du Nord-Ouest. Titulaire d’un doctorat de l’Université de Calgary, elle a aussi reçu de nombreux prix, dont un prix d’excellence en leadership de Collèges et instituts Canada. Pertice s’intéresse à la santé des femmes et des Autochtones, collaborant avec les collectivités nordiques afin d’améliorer les résultats en matière de santé. Elle a joué un rôle important dans le lancement de la revue Xàgots’eèhk’ǫ̀, appuyée par un comité consultatif composé d’Aînés et de chercheurs autochtones et non autochtones. Parmi ses travaux récents, elle compte une étude sur la santé maternelle et infantile, financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, et un projet visant à aider les jeunes Autochtones à faire carrière en santé. Sur le plan international, Pertice est professeure honoraire à l’Université arctique de Norvège, à Hammerfest, où elle s’occupe de l’encadrement des étudiants et des enseignants.
Philip Sedore, rédacteur
Philip Sedore est adjoint à la recherche au sein du groupe de recherche sur le pergélisol et les géosciences de l’Université du Yukon. Fort de quatre années d’expérience dans le domaine de la recherche en milieu universitaire et gouvernemental, il est spécialiste de la réalisation de cartes géomorphologiques basées sur des mesures bathymétriques et des données recueillies à l’aide de véhicules aériens sans pilote, de l’étude des géorisques sous-marins et liés au dégel du pergélisol, ainsi que de l’analyse des carottes sédimentaires. Titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en sciences de la terre et de l’environnement de l’Université Dalhousie, Philip s’est intéressé à l’étude des risques géologiques sous-marins. Il a contribué à de nombreuses publications de la Commission géologique du Canada, et ses travaux de recherche à la maîtrise sont publiés dans la revue Marine Geology. À ce jour, il est l’auteur et coauteur de plus de 15 articles publiés dans des revues évaluées par des pairs et des comptes rendus de conférences. En 2023, il est déménagé à Whitehorse, au Yukon, afin d’exploiter de nouvelles possibilités de recherche et de faire l’expérience de la vie dans le Nord. Quand il n’est pas sur le terrain ou au laboratoire, il aime faire du vélo, de l’escalade, du ski et des randonnées pédestres.
Benoit Turcotte, rédacteur
Natif de Montréal, Benoit Turcotte a fait ses études en génie civil à l’École Polytechnique de Montréal, en génie hydrotechnique à l’Université de la Colombie-Britannique et en ingénierie des glaces fluviales à l’Université Laval. En 2013, il a commencé à travailler comme chercheur, d’abord à l’Université Laval, puis au Centre de recherche de l’Université du Yukon. Au cours de cette période, il a aussi occupé le poste de spécialiste de la prévision des crues au gouvernement du Yukon pendant deux ans. Il s’intéresse actuellement à l’hydrologie en régions froides et aux processus fluvio-glaciaires, collaborant avec tous les ordres de gouvernement. Ses projets portent sur la quantification des risques liés à l’eau le long des routes du Yukon, la réduction des risques d’inondation dans les collectivités, la mise au point d’outils de prévision et l’amélioration des estimations de débit en hiver. Dans le dernier chapitre qu’il a rédigé, Benoit présente une philosophie de recherche au sujet des répercussions des changements climatiques sur les bassins versants dans le Nord, témoignant de son engagement à comprendre les processus hydrologiques afin d’assurer un mode de vie durable dans les bassins versants de régions froides.
Stephanie Wright, rédactrice
En janvier 2023, Stephanie Wright s’est jointe au Département de génie civil de l’Université Queen’s à titre de professeure adjointe, riche d’une expérience en génie environnemental et géologique. Avant cette nomination, elle était titulaire d’une bourse de recherches postdoctorales du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada à l’Université Wilfrid-Laurier, ce qui lui a permis d’étudier les répercussions de la fonte du pergélisol sur les systèmes d’eaux souterraines et de surface à la station de recherche de Scotty Creek, en partenariat avec les membres des Premières Nations du Dehcho. Titulaire d’un doctorat en génie civil et d’un baccalauréat en génie géologique de l’Université Queen’s, au Canada, Stephanie se spécialise dans le domaine de l’hydrologie des roches fissurées, de l’hydrogéologie des régions froides et des traceurs isotopiques naturels, se servant de cette expertise pour mieux comprendre l’évolution des systèmes environnementaux. Ses travaux de recherche visent à améliorer la sécurité et la durabilité des ressources en eau souterraine en régions froides dans le contexte des changements climatiques au moyen d’études sur le terrain et d’analyses statistiques et numériques. Travaillant dans le Nord depuis 2021, Stephanie a collaboré avec des partenaires nordiques et autochtones afin d’y réaliser divers projets sur les répercussions de la fonte du pergélisol sur les eaux souterraines, l’évolution de l’état des eaux de surface et l’alimentation des collectivités en eau potable. Elle souhaite ainsi améliorer la capacité des gouvernements, de l’industrie et des Premières Nations de réagir efficacement à la progression rapide du réchauffement climatique.
Avery Zammit, rédacteur
Avery James Zammit est agent de projet à la Chaire de recherche industrielle dans les collèges en assainissement des mines nordiques et en recherche sur les changements climatiques, au Centre de recherche de l’Université du Yukon, à Whitehorse. Il est titulaire d’un baccalauréat ès arts avec spécialisation en science politique de l’Université York, ainsi que d’une maîtrise ès arts en science politique, sociologie et histoire de l’Université de Siegen, en Allemagne – des programmes d’études qui comportaient des sessions à l’Université d’Helsinki, en Finlande, et à l’Université de Bologne, en Italie. À titre d’agent de projet, Avery apporte un soutien aux projets de recherche en gérant les opérations et activités des équipes de recherche, en s’occupant de la logistique sur le terrain, en coordonnant les réunions, ainsi qu’en rédigeant et en révisant des rapports destinés aux bailleurs de fonds, aux partenaires de recherche et aux collaborateurs.