ArcticNet à Tromsø
La ville de Tromso, également appelée Romsa en same du Nord, est située à 69 degrés de latitude nord au-dessus du cercle polaire arctique, dans le nord de la Norvège. En janvier 2025, Tromso, que l’on surnomme la « capitale de l’Arctique » et qui sera en 2026 la « capitale européenne de la jeunesse » a accueilli des centaines de jeunes, détenteurs du savoir autochtone, chercheurs et décideurs venus assister à la toute première Arctic Youth Conference (conférence sur la jeunesse de l’Arctique) et à la conférence annuelle d’Arctic Frontiers. Melody Lynch, coordonnatrice de la mobilisation des connaissances à ArcticNet, a représenté l’organisme aux deux événements.
L’Arctic Youth Conference
Chapeautée par la présidence norvégienne du Conseil de l’Arctique, l’Arctic Youth Conference, qui avait lieu du 24 au 26 janvier 2025, était le premier événement du genre. La séance d’ouverture témoignait de l’engagement de la présidence à l’égard de l’autonomisation des jeunes et de sa volonté de soutenir leur participation aux débats sur les défis que présente l’Arctique en pleine mutation et les possibilités qui en découlent. Afin de superviser la planification et la réalisation de l’événement, la Norvège a constitué un comité présidentiel sur les jeunes, regroupant des représentants des jeunes issus des six pays composant la région arctique et de divers organismes axés sur l’Arctique et les jeunes. Parmi les sujets abordés, on comptait le leadership des jeunes dans la prise de décisions, la production conjointe et l’échange de connaissances, l’inclusivité et l’équité des genres, la préparation et la résilience, le bien-être mental, ainsi que la préservation de la culture et de l’identité autochtones. Près de 300 jeunes, décideurs politiques et chercheurs étaient présents.
Melody a animé une séance plénière intitulée Art as a Bridge: Exchanging Knowledge in the Arctic, organisée conjointement par le comité présidentiel sur les jeunes, ArcticNet et l’organisme Arctic Hub. Myrah Graham (agente de liaison en recherche nordique à Amundsen Science), une première experte présente à la séance, a parlé de sa participation au concours De la science à l’art dans l’Arctique, organisé par l’Association of Polar Early Career Scientists (Canada) et ArcticNet, et visant à permettre aux chercheurs et chercheuses de collaborer avec des artistes pour diffuser les résultats de leurs travaux scientifiques de manière accessible. Sarah Cox (directrice à Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, chef du projet CREATeS [Circumpolar Resilience, Engagement and Action Through Story] et représentante du Canada au Groupe de travail sur le développement durable du Conseil de l’Arctique), deuxième experte présente, a parlé du projet CREATeS, qui invite les jeunes Autochtones à créer des récits sur support numérique et de courts métrages destinés à susciter un débat sur la santé mentale et la prévention du suicide. Au cours de la conférence, un groupe de jeunes provenant des collectivités arctiques a collaboré avec des cinéastes pour raconter leur expérience relative aux changements climatiques et à la santé mentale au moyen de récits sur support numérique. Une troisième experte, Ingeborg Høvik (professeure agrégée à l’Université de Tromsø – l’Université arctique de Norvège), a parlé du projet Arctic Voices, un collectif formé d’érudits et d’artistes autochtones et occidentaux, qui s’intéresse à l’étude de récits encore largement méconnus au sujet de l’Arctique. Ingeborg a également organisé une exposition artistique lors de l’Arctic Youth Conference, intitulée Stories from the Arctic Contact Zone, en collaboration avec Ulrikke Marie Strandli (étudiante à la maîtrise à l’Université de Tromsø – l’Université arctique de Norvège). Cette exposition, qui présentait une petite partie du travail accompli par le collectif, était une version révisée de l’exposition de plus grande envergure intitulée Visualizing Arctic Voices qu’Ingeborg avait organisée pour le festival de musique sami Riddu Riđđu et le Centre des peuples du Nord en 2024. Enfin, une dernière experte, Geneviève Degré-Timnons (candidate au doctorat à l’Université Laval), a expliqué comment elle a collaboré à la création d’œuvres d’art d’inspiration scientifique illustrant ses recherches sur les réactions du caribou boréal face aux changements de son habitat après un incendie dans les Territoires du Nord-Ouest. L’un des segments importants de cette séance plénière a été la discussion interactive très animée qui a suivi avec le public au sujet du véhicule important que peut représenter l’art pour échanger des connaissances de manière accessible, constructive et percutante.
Parmi les autres activités organisées dans le cadre de la conférence, on comptait un atelier de fabrication de bracelets portant l’inscription #ShowYourStripes et symbolisant la lutte mondiale aux changements climatiques, une initiative créée par Jenny Baesman, Ph. D., destinée à susciter un débat et une réflexion sur la crise climatique. On a aussi présenté le laboratoire de cuisine autochtone NOMAD, un projet réunissant des chefs autochtones, des membres de groupes militant en faveur de la salubrité alimentaire et des experts culinaires, qui ont aménagé leur cuisine dans une lavvu (une habitation temporaire utilisée par les Samis) afin d’échanger leurs connaissances et de promouvoir la culture autochtone au moyen de la nourriture.
L’événement a connu un succès retentissant, facilitant l’échange de connaissances de manière accessible et inclusive entre les générations. Beaucoup prévoient et espèrent que l’on organisera d’autres conférences sur la jeunesse de l’Arctique dans les années à venir. Pour obtenir de plus amples renseignements sur l’impact de cet événement unique, regardez la superbe vidéo présentée ici.
Conférence Arctic Frontiers
Après l’Arctic Youth Conference, Melody a participé à l’Arctic Frontiers, une conférence annuelle tenue par l’organisme du même nom situé à Tromso. Intitulé Arctic Frontiers 2025: Beyond Borders, l’événement, qui avait lieu du 27 au 30 janvier, portait sur l’importance de la coopération et de la collaboration dans l’Arctique malgré un contexte géopolitique difficile. Melody a fait une présentation lors de la séance scientifique intitulée International Polar Year (IPY) V: Research, Data and Science Cooperation. Elle y a proposé des idées d’approches concertées à l’égard de la mobilisation de connaissances diversifiées, citant, à titre d’exemple, le programme de mobilisation des connaissances mis en place par ArcticNet.
Elle a aussi expliqué pourquoi l’Année polaire internationale devrait être axée principalement sur le partage et la valorisation de connaissances diversifiées, soulignant que l’établissement de collaborations et de partenariats constructifs est essentiel à cette démarche. Le programme Inuit Qaujisarnirmut Pilirijjutit d’ArcticNet, le premier et le seul programme de recherche gouverné et dirigé par des Inuits au monde, en est un bel exemple. Melody a également parlé d’autres activités mises en place par ArcticNet au profit de la mobilisation des connaissances dans le Nord, y compris les possibilités de financement, les webinaires, les concours et les réunions scientifiques annuelles.
Tenues l’une à la suite de l’autre, ces conférences nous ont permis de vivre une semaine inspirante. Nous remercions les Samis, qui sont les gardiens autochtones des terres où nous nous sommes réunis. Nous remercions également les organisateurs des deux événements, qui nous ont fait vivre une expérience incroyablement enrichissante à Tromso. Nous sommes impatients de poursuivre ces débats importants.