Une vision holistique de la santé des bélugas: Enooyaq Sudlovenick
Par Heather Desserud
Enooyaq Sudlovenick est doctorante de première année au Centre for Earth Observation Sciences de l’Université du Manitoba et membre de longue date d’ArcticNet, ayant assisté aux conférences du réseau dans les cinq dernières années et participant activement à ses activités. Cette année, cette chercheuse-étudiante douée contribue à son tour au réseau en siégeant à titre de présidente de l’Association étudiante d’ArcticNet (AEA), tout en amorçant un nouveau chapitre de sa carrière en recherche.
Au cours de la dernière année, Enooyaq est déménagée à Winnipeg afin d’entreprendre des études de doctorat sur la santé du béluga, après avoir obtenu une maîtrise au programme de médecine vétérinaire de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, de même qu’un baccalauréat à l’Université de Guelph. Déménager dans une ville de la taille de Winnipeg nécessite une certaine adaptation comparativement à Charlottetown, à Guelph ou aux villes qui l’ont vue grandir, l’inlet Pond et Iqaluit. Bien qu’elle n’ait pas eu l’occasion de se familiariser avec la ville en raison de la pandémie, elle est passionnée par son travail et se sent privilégiée de pouvoir explorer une nouvelle région. “Le monde de la recherche sur l’Arctique est très petit. Vous entendez parler de quelqu’un maintes et maintes fois, mais dès que vous faites connaissance de cette personne à ArcticNet, vous réalisez finalement que vous avez beaucoup de points en commun.”
— Enooyaq Sudlovenick, présidente de l’Association étudiante d’ArcticNet
Les travaux de recherche menés par Enooyaq visent à établir une corrélation entre les méthodes occidentales et inuites d’évaluation de la santé des baleines afin d’élaborer une approche holistique de l’évaluation de la santé du béluga. Le béluga est une source de nourriture de prédilection pour de nombreuses collectivités nordiques qui se disent préoccupées par les concentrations potentielles de mercure et d’autres contaminants dans les tissus des bélugas. L’équipe de recherche, dirigée par Mme Lisa Loseto, Ph. D., travaille à partir d’échantillons de tissus prélevés sur des bélugas récoltés et des bélugas marqués. Ces échantillons sont analysés dans des laboratoires à l’échelle du pays afin de déterminer les niveaux de contamination et d’effectuer d’autres mesures.
Enooyaq estime qu’il est essentiel, dès le départ, de travailler en collaboration avec les collectivités. Les collectivités inuites ont une compréhension approfondie de la santé des espèces qu’elles exploitent, et ce sont d’ailleurs leurs inquiétudes quant aux concentrations de mercure qui ont forcé la réalisation de ces études. C’est en intégrant leurs connaissances aux tests qui sont menés en laboratoire dans les pays de l’Ouest que les chercheurs pourront obtenir une compréhension plus exhaustive de la santé du béluga et d’autres importantes espèces marines de l’Arctique.
À titre de présidente de l’AEA, Enooyaq espère continuer de transmettre sa passion pour la recherche sur l’Arctique et d’encourager les nouveaux chercheurs et étudiants à s’investir dans le réseau ArcticNet. Membre de l’AEA pendant trois ans avant d’en prendre les rênes, elle entend promouvoir, dans le cadre de ses nouvelles fonctions, la participation des résidents du Nord au réseau. Enooyaq souhaite inciter plus de résidents du Nord à participer à la Journée des étudiants, et entrevoit avec enthousiasme la possibilité de dispenser une formation aux nouveaux étudiants et chercheurs qui n’en sont qu’à leurs débuts en matière de recherche communautaire. Encourager la participation des résidents du Nord aux activités d’ArcticNet est un bon point de départ pour les chercheurs qui prévoient de se rendre dans le Nord pour les besoins de leur travail; en s’assurant que les nouveaux étudiants et chercheurs sont sensibles aux différences culturelles, le réseau peut contribuer à éviter qu’il y ait des problèmes de communication dans leur travail auprès des collectivités nordiques.
“J’ai parcouru le monde entier pour participer à des événements liés à la recherche sur l’Arctique, mais je dois dire qu’ArcticNet est le seul acteur du milieu à faire des efforts réels et visibles pour favoriser la participation des résidents du Nord, et à obtenir des résultats tout aussi réels et visibles. J’adore participer à ces conférences — c’est comme un avant-goût du temps des Fêtes.”
— Enooyaq Sudlovenick à propos de la conférence annuelle d’ArcticNet
À la fin de son doctorat, Enooyaq envisage de retourner dans le Nord afin d’y mener des recherches et d’enseigner, car elle rêve de travailler au sein d’une université du Nunavut où elle pourra initier une nouvelle génération d’étudiants à la recherche sur les mammifères marins — un projet qu’ArcticNet est fier d’appuyer.